Le site
Au fait, j'ai déménagé ici
Bonne visite!!
Parfois, on se souvient soudainement.
Je racontais cette histoire tant de fois racontée, mon frère, les mouches chez lui, son escapade chez la voisine, morte. Avant Noël, en 2006 je crois. Ce même jour où l'on s'était tous réunis chez mes parents, ma soeur avait vu un chien se faire renverser devant elle et l'avait secouru. "Et toi?" Moi, je n'avais rien vécu de foufou avant d'arriver.
Je racontais ça, et le fait que moi, je n'avais donc rien vécu de foufou avant d'arriver à Sylvains-les-Moulins. Une pensée, furtive, "qu'est-ce que j'aurais de ce genre à raconter moi?" une autre pensée a succédé à cette interrogation, instantanée. J'ai vécu des choses, pas forcément fofolles, mais fortes oui. Ce souvenir immédiat qui est remonté sans prévenir.
J'avais bientôt 16 ans, pas encore. J'étais en seconde. Un ami de jeunesse (adolescence si je ne me trompe) de ma mère avait eu un cancer des poumons. Peut-être d'ailleurs, mais je crois que c'était les poumons. Ce n'est pas ce qui me reste de lui, la localisation de son cancer. Il avait guéri. Puis il avait rechuté. Sans espoir de guérison. Olivier. Jusqu'à ce que je m'émancipe des jours de l'an familiaux (hum, c'est à dire, 1 ou 2 ans avant cette histoire...), la fête se déroulait avec la bande d'amis d'adolescence de ma mère. C'était la tradition. Pour moi Olivier c'était les jours de l'an, les jours de fête, les soirées où les adultes riaient, les repas du midi dans la bonne humeur. L'histoire de la grenouille à grande bouche. Il aurait pu être mon oncle. Visage récurrent avec lequel on grandit sans même s'en apercevoir. Jusqu'au jour où on le réalise.
Un week-end. Début d'année 1998. Ma mère me dit que bientôt, Olivier va mourir. Que les faire-part sont prêts, ne manque que la date qu'Olivier choisira.Je lui demande alors le numéro de téléphone. "Tu tomberas d'abord sur Annick de toute façon".
Je suis retournée au lycée. J'étais interne. Je me souviens avoir emprunté la carte téléphonique de Caroline. Je ne sais plus pourquoi je n'en avais pas ce jour là. Je suis allée dans la cabine téléphonique du lycée, et j'ai appelé. C'était une évidence pour moi. Pourtant, je savais que ce n'était pas simple. C'était la période du bonne année, il ne la finirait pas. Du bonne santé, il ne l'avait pas. Comment ça va? On connait la réponse. J'ai pris le combiné sans vraiment savoir ce que je dirais. Sonnerie. Sonnerie. Décrochage. C'était lui. Je ne m'y attendais pas, persuadée que ce serait Annick et que j'aurais quelques instants de répit. Battement de coeur très fort. "C'est Leïla." Etonnement et contentement à l'autre bout du fil. Il ne s'y attendait vraiment pas, évidemment. Et puis d'un coup, l'évidence, pas besoin de chercher les mots, qui sont venus d'eux-mêmes parce que c'était ceux-là que j'avais au fond, ceux là qui m'avaient fait prendre le combiné. "Je voulais juste te dire que même si ça fait longtemps que je t'ai pas vu, je t'oublie pas et je pense à toi. Je t'aime." Il m'a dit qu'il m'aimait aussi, et tout était dit. Les mots en plus auraient été en trop. On le savait alors on s'est juste dit au revoir car c'est plus doux qu'adieu, et qu'on a parfois besoin de croire à ce qu'on sait impossible.
Quelques temps après (pas très longtemps je crois), il s'est propulsé avec sa voiture contre un arbre. Il avait choisi sa date. J'ai pleuré, j'ai été triste, mais j'avais en moi une certaine sérénité malgré tout. Parce qu'on a pas toujours la chance de pouvoir dire au revoir, et là, j'en avais eu le temps. Olivier partait sur un bel au revoir.
Maintenant encore, ce furtif coup de fil, même s'il me fait toujours autant pleurer quand j'y pense, me fait toujours autant plaisir.
Le site tarde (preview ici), mais la galerie est prête.
C'est ici!!
Bon visionnage...
Le Forum a élu sa Miss Forum, et c'est Steph qui est la grande gagnante!
Elle est suivie par Jeanne-Elisabelle de la Truchette, la femme Barbara Gould, Divna Svirinović, la Princesse Presque Leïa et Maryline. Vous pouvez encore voir les vidéos si vous avez manqué ça.
Le Forum, c'est vos films, vos performances, votre musique, une fois par mois à la maison de l'étudiant de Caen.
Le Forum, c'est la Petite Marchande de films, mon asso de promotion et diffusion des films régionaux émergents.
Des nouvelles de Steph et des autres de temps en temps...
Hier soir, j'ai mangé des Special K©. Vu qu'il n'y a pas d'accent, j'ai décidé de prononcer spéchol key, parce que comme Raph je suis hype dans ma tête.
Cela n'avait rien à voir avec le fait que je venais de passer le we à boire et manger (mariage...), c'est juste qu'à minuit 15, alors que je bossais en me disant que vraiment je devais dormir, j'avais faim, et que c'est ce qui m'a le plus donné envie dans le placard de la maison familial où je suis encore. D'ailleurs, les fruits lyophilisés que tu manges sans réhydrater, c'est un peu étrange. Bah t'avais qu'à mettre du lait me direz-vous, sauf que je ne voulais pas prendre le risque de peut-être mourir dans la nuit suite à de violentes douleurs en essayant de le digérer.
Bref, j'ai mangé mes céréales, sans même lire la boite, trop fatiguée pour ça.
Ce matin, j'ai remangé des Special K©, avec de la compote (oui y'a des jours où tu as besoin de ne pas prendre le risque d'avoir mal au ventre, par exemple un jour où tu vas passer un certains nombre d'heures en studio pour finir la bande son de ton film) (mais ça peut aussi être un jour où tu cours un marathon, où tu as décidé de draguer ton voisin homo, où tu dois tenir une conférence sur l'analyse numérique d'écoulements turbulents anisotropes à l'aide de modèles non-linéaire de turbulences, ou que tu dois sauver le monde de sa fin imminente).
J'en ai profité pour lire l'emballage, un classique... Alors Special K©, c'est tout un programme (personnalisé qui vous est offert sur le net). Il y a un Kuizz Special ligne (à lire bien sûr spéchol laïgne). Il nous apprend qui est la femme qui mange des Special K©. Je dis la femme car la pub nous l'a montré, ce sont les femmes qui mangent des Special K©. Souvenez-vous de cette pub où l'homme se demandait ce qu'il y avait de nouveau dans la vie de sa femme. Kellogs a mis fin a des siècles de parano masculine. Avant, quand un homme remarquait que sa femme avait été chez le coiffeur, s'achetait de nouveaux sous-vêtements, robes, etc, et rêvassait les yeux plein d'étoiles avec un sourire niais, il se disait "fichtre, mon roudoudou en orge aurait-il un amant?" alors que maintenant il se contente de sourire d'un air indulgent et dire "ma petite gourgandine a découvert les Special K©!". Merci kellogs de faire la lumière sur les vraies aspirations de la femme.
Le kuizz
1. La cuisine et toi (oui parce que chez Special K©, on se dit tu, c'est plus intime, plus chaleureux le matin au petit dej)
Ah non, c'est la cuisine et moi, j'ai mal lu. En fait chez Special K© on se parle à soi-même, normal, si on est en train de lire l'emballage des céréales, c'est qu'on a personne d'autre que soi à qui parler.
carré vert - C'est mon petit plaisir
rond bleu - J'aime cuisiner pour la famille mais je manque de temps!
triangle rose (à une époque, on les gazait d'ailleurs) - J'adore tester de nouvelles recettes, à partager à deux ou à plusieurs.
Remarquons l'absence de l'option "sans mon coloc je me laisse mourir de faim" ou "je suis une quiche en cuisine" (ce qui pourtant permettait un trait d'humour, mais chez Kellogs on rigole pas avec la ligne) ou encore de "cuisiner, pour quoi faire??" ou "Une pizza surgelée, ça compte?"
Non, la femme qui mange les Special K© est une passionnée de cuisine, elle aimerait avoir plus de temps pour passer ses journées à cuisiner des plats pour sa famille, ses amis, comme au bon vieux temps où les femmes avaient un brushing impec et de beaux tabliers. A défaut de brushing, la femme Special K© s'escrime en tout cas pour être belle. Elle va même jusque sacrifier son amour pour les bons petits plats en mangeant des céréales avec des fruits lyophilisés. C'est pour dire si elle est prête à tout pour le bonheur des yeux de son prochain.
2. Mon âge (l'âge ça se demande pas à une dame, mais là, on se parle à soi-même, alors on va pas se mentir)
rond bleu- Peu importe, je me sens toujours aussi jeune!
carré vert - Dans la force de l'âge!
triangle rose - Encore la vingtaine!
La femme Special K a donc 20 ans, la force de l'âge ou l'âge de la mauvaise foi. Les enfants ne mangent pas de Special K© vu qu'il n'y a pas de jouet dedans (là je vous laisse imaginer quel jouet on pourrait mettre dans un paquet de Special K©)
3. Et les enfants...
triangle rose - Ils sont déjà loin maintenant... (et ils n'envoient même pas une carte postale à Noël, ces ingrats!)
rond bleu - Un vrai bonheur, surtout avec le petit dernier. (Vous voulez voir sa photo?!)
carré vert - Ce n'est pas au programme (personnalisé disponible sur le net) (bin non là on veut perdre du poids, on va pas faire un gosse non plus)
Il n'y a pas l'option " grâce au congélateur dans 2000 ans ils seront toujours dans le même état de fraicheur. " ou " oui avec de la sauce à la moutarde j'adore! " ou encore " Oh oui j'adore quand les enfants pleurent, crient, braillent, font des caprices ou qu'il faut les torcher, c'est ma passion! "
Non, la femme Special K©, si elle n'a pas encore d'enfant, c'est parce qu'elle a vingt ans. Sinon, bien sûr les enfants c'est une passion, qu'elle peut combiner avec la passion de la cuisine (mais pas cuisiner des enfants, pas une femme Special K©, non).
J'espère que vous continuez bien à prononcer Spéchol Key.
4. Pour moi avoir la ligne c'est:
rond bleu - Une préoccupation permanente (enfin on sait que les permanentes une fois sur deux ça tient pas)
triangle rose - Une simple question de bien-être (un peu de bon sens voyons, c'est évident! Rien à voir avec le matraquage de « soyez minces ou maigres » à la télé ou dans la rue ou sur la boîte de céréales ou partout.)
carré vert - Un objectif que j'atteindrai... un jour! (avec un peu de chance, le même jour où le prince viendra.)
D : La réponse D
Il manque les options " une contrainte " " devenu une pression sociale pas possible " " impossible " " C'est quoi la ligne?? " "C'est toi la ligne!!"
Quoiqu'il en soit, que ce soit obsessionnel ou non, la femme Special K© fait forcément attention à sa ligne. Évidemment, sinon elle se farcirait pas des céréales avec des fruits bizarres à la place d'une bonne tarte au sucre pour le goûter.
5. Je craquerais bien :
carré vert - Pour une soirée entre amis : boire un verre, aller au resto... (toute une vie de débauche)
triangle rose - Pour un macaron au chocolat... Huum, trop bon! (Dieu! Quelle folie!)
rond bleu - Comment ça craquer?! Je résiste mais c'est dur... (Tu m'as prise pour qui, je suis pas une femme sans volonté voyons, je peux tenir une vie de privation pour rentrer dans du 36. Parfois je ressens comme une lassitude au fond de moi le matin quand je me réveille après avoir rêvé de gaufre au sirop d'érable, mais je mange des Special K© et tout va mieux.)
La femme Special K© a des rêves fous, inaccessibles, inavouables, un choux à la crème, une pizzeria le soir, un verre de vin... Heureusement, elle a le sens des réalités (et ses céréales, telles une bible la remettant dans le droit chemin) pour ne pas s'égarer sur les sentiers de la perdition ou dans une boulangerie.
En effet, craquer c'est mal. La femme est prête à tout pour craquer, ou s'en empêcher http://www.youtube.com/watch?v=pODxMSqDWkQ , mais heureusement Special K© est là.
And the winner is...
Une femme Special K©, oui! (ah, la femme Barbara Gould c'est démodé alors?)
Mais quel est votre profil?
Rond bleu : Entre le travail et la famille (et la patrie), difficile de trouver les plats adaptés et bons pour la ligne! (parce que le travail rend con, les enfants abrutissent et un mec débilise)
Triangle rose : Vous croquez la vie à pleine dents : (sale débauchée!) difficile de résister aux bons petits plats et de garder la ligne (tu brûleras en enfer!)
carré vert :Vous avez du temps pour vous (c'est ça d'être au RSA)! Alors pourquoi ne pas en profiter pour bouger plus (sale feignasse de chômeuse aux crochets de la société! arrête de regarder sex and the city toute la journée!) pour vous aider à garder la ligne?
Une fois votre profil déterminé, vous pouvez aller sur le site de Special K© pour trouver votre programme personnalisé. Présumant que c'est justement tout un programme, quand j'aurais du temps, je le ferai pour vous raconter les bons conseils de Kellogs qui changeront à jamais ma vie.
Parfois, le progrès s'applique là où ne l'attend pas.
Ainsi, je n'imaginais pas du progrès sur des cigarettes.
ça me fait penser au sketch de François Perusse sur la tapette à mouche (make a joke to your fly and hit it when it laughs!)
Alors mesdamoiselles messieurs, les clopes sont en pleine évolution. La clope convertible est là.
Fumeur de menthols, tu en as marrea d'être taxé de gros égoïste qui ne fume des menthols que pour ne pas être taxé justement? Lucky strike a pensé à toi. Tu prends ta clope convertible, qui se présente comme une simple cigarette mais ne l'est pas ah ça non, tu presses fort sur le filtre, tu sens quelque chose céder sous tes doigts, et là, tadaaaaam tu as une menthol dans les mains, eh oui. Tu peux donc offrir des cigarettes à qui veut tout en continuant à fumer du chewing-gum.
Le concept est fantastique, espérons qu'ils le travaillent un peu.
Je propose la cigarette à l'arsenic : tu peux tuer les gens en continuant de fumer tranquillement.
La clope à l'ail : pour les minettes qui vont en boite. Si un gros relou te colle malgré ton regard assassin, va fumer ta clope à l'ail et reviens lui parler très près du visage. Il ira se coller à quelqu'un d'autre. La clope à l'ail est aussi très pratique pour arrêter de se faire taxer.
La clope marijuana :" Mais non je vous assure ce sont des clopes normales, tenez fumez-en une pour voir."
La clope au saumon fumé : surtout pour les étudiants qui mangent des pâtes et des pâtes. Au moins, ça donne l'impression d'avoir mangé un truc classe.
Bref, ça pourrait se décliner encore et encore.
Voilà, je voulais juste vous faire part de mon émerveillement (...) à la découverte des clopes convertibles. C'est bien de savoir que des cerveaux travaillent activement à améliorer considérablement notre quotidien grâce à de révolutionnaires trouvailles.
Un texte autour duquel j'ai des envies de projet pluridisciplinaire.
Il s'agirait de variations sur ce texte, une mise en dessins, en photos, en musique, en vidéo, en ce qu'on veut... Prendre le texte en entier, une partie, une phrase... Ce serait libre
Et quand j'aurais réuni assez de monde, faire une expo avec tout ça, avec une scéno bien dans le thème.
Alors à bon entendeur...
C'est ici!
Je suis chez mes parents à la campagne, ils ne sont pas là, je garde la maison. Mais en fait non, je garde plutôt les grands-parents alentour.
J'ai emmené ma grand-mère faire les courses (je pourrais enfiler une cape rouge quand je fais ça, si, si) et je suis restée avec elle et mon grand-père pour manger.
Manger chez mes grands-parents.
Le goût des pommes de terre. Le goût de la cuisine de ma grand-mère. Le goût d'avant.
Les recettes improbables. Ce truc étrange fait de restes, et étonnamment bon.
Les betteraves-carottes rappées-pommes.
La ferme. Les séjours à la ferme.
Cueillir des légumes, mais c'était jamais les carottes, j'ai toujours voulu tirer sur les carottes.
Cueillir des groseilles à maquereaux, beaucoup, dans les énormes pots de crème fraiche vide.
Jouer à la marchande avec ma sœur. Ma grand-mère avait le sens des formules, ça voulait dire écosser les haricots.
Être sauvées par mon grand-père qui nous emmenait voir les ulm depuis le cimetière.
Attendre seule à l'étage de la grande maison que ma sœur vienne se coucher, et avoir super peur.
Papiers peints, odeurs, sensation. Cette toute petite porte menant à un grenier. Cette autre vers un cellier.
Jouer sur une stère de bois, lalalalala, en short, tomber dans des orties hautes comme moi.
Pleurer.
Mon grand-père qui vient me chercher et me porte jusque la maison.
Ma grand-mère qui passe du vinaigre sur mes jambes.
Pleurer encore.
L'odeur du foin. Jouer dans les granges, se faire des maisons dans le foin. Faite des glissades dans la fosse à grain vide. Jouer dans la fosse à grain remplie. Manquer sans doute de mourir je ne sais combien de fois dans la ferme.
Regarder avec méfiance cette mare dans laquelle un frère de mon père s'est noyé tout petit en poussant une poussette sans regarder où il allait. Ne plus vraiment savoir si c'est ça l'histoire.
Courir à travers champs pour rejoindre le tracteur. Avoir les jambes griffées méchamment par les blés coupés, finir la route en marchant prudemment.
Arriver quand le tracteur repart...
Être dans une remorque de tracteur, être ballotée, le bruit, le fer sous les fesses, les secousses, s'accrocher, adorer.
Les poussins. Le bruit du poulailler rempli de poussins. Jouer à ramasser les poussins morts.
Ma grand-mère était décidément la reine des jeux.
Le chaud, la paille, les petits poussins si mignons, en attraper un, le tenir fermement, être fière.
Suivre une chatte "discrètement" pour trouver où elle a caché ses petits. Revoir la notion de discrétion.
Voir ma sœur pleurer suite à la mort de Mascotte III ou IV.
N'appelez pas votre chat Mascotte.
Ma chatte s'appelait Flora et a survécu longtemps aux rats morts empoisonnés, aux voiture, aux tracteurs, aux fusils...
Un des enfants du secours catholique que mes grands-parents prenaient en vacances l'été.
Les magazines catho pour enfants.
Les Saintes Vierges en plastiques que tu pouvais remplir d'eau, c'était sympa comme jeu.
J'ai toujours été mécréante je crois...
Les siestes dans le lit de mes grands-parents.
Cette bouteille de parfum.
Des odeurs, toujours des odeurs.
Tant de choses, tant de bribes qui remontent au seul goût des repas du passé.
La crèche de Noël.
Les catalogues Quelle.
L'étage qui me faisait peur.
Du bordel, beaucoup, partout.
Le carrelage noir et blanc.
Les boites de Nesquick jaunes, avec GroQuick dessus.
Les fraises au sirop.
Les pots de semoule.
Les assiettes en pyrex jaune.
Les mêmes que ce midi.
Le goût des pommes de terres de ma grand-mère.
Le goût d'avant.
Ce qui changeait au final, c'était le bruit de la bonbonne d'oxygène de mon grand-père entre les bruits de fourchettes. Ce bruit qui rappelle que le foin, les groseilles, les siestes, c'est loin.
Oui, j'ai voyagé loin ce midi, très loin.
Je ne me suis pas tout à fait remise du décalage horaire là.
Les papillons de nuit le sont sans doute suite à un complexe chromatique.
Ils sont grisâtres, brunâtres, rien à voir avec leurs frères diurnes. Du coup, ils ont décidé de vivre de nuit, en plus niveau camouflage, c'est idéal pour cacher leur complexe.
Et pourtant.
Quel est le premier réflexe d'un papillon de nuit? Voler vers la lumière.
Eh bien dans ce cas là, sans doute aurait-il mieux fallu vivre de jour au lieu de faire son timide et au final, se jeter sur toute source de lumière après s'être rendu compte qu'en fait, la nuit il fait noir ( et ça fait peur).
Petite pensée pour les papillons de nuit qui voudraient vivre de jour.
Envie de le dire, voilà.
J'ai commencé à bosser sur un bouquin (oui, il faut bien avoir quelques idées en stock!), un abécédaire des souvenirs et ressentis. Pour le T, je pensais au tourne-disque bleu de ma grand-mère. Rond. Old school. J'ai bien souvent dansé au son des vinyles qui tournaient dessus. Des vinyles très classes bien sûr. J'ai beaucoup sautillé sur Bimbo Jet (mais si , bailemos el bimbo, bimbo, bimbo! http://www.youtube.com/watch?v=8VJLukTNJjA, ah, cette pochette!) mais (encore plus... heu... années 80) j'ai beaucoup sautillé (en tournant autour de la table de la salle à manger) sur Natacha http://www.youtube.com/watch?v=MG5Gxiiv3Qo ).
Bref, le tourne-disque bleu, toute une époque. Je voulais donc le photographier pour la lettre T. Je suis allée chez ma grand-mère, ai tourné un peu, ne l'ai pas trouvé. "Mamie il est où le tourne-disque?!!". Et là, comme un couperet. Ce c***d d'antiquaire, encore une fois. Il est venu plusieurs fois, lui a acheté des trucs (à un prix ridicule comparé au prix où il revendra ça, bien sûr). J'ai depuis interdit à ma gd-mère de lui vendre quoi que ce soit s'il revenait (qu'il revienne un jour où je suis là tiens!!).
Alors voilà, quelque part, quelqu'un possède le tourne-disque bleu, sans avoir idée qu'une petite blonde aux cheveux bouclés, un peu espiègle, a sautillé sur Natacha plus d'une fois. C'est comme un trou dans mon enfance, un morceau de mémoire volé. En emportant le tourne-disque, l'antiquaire est parti avec les rires qui y étaient collés.
Voilà, je n'aime pas cette façon d'aller chez les personnes agées pour se faire de l'argent sur leur dos, sur leurs souvenirs.
En plus je dois trouver autre chose pour le T.